BIRRD

BIRRD

Auteur d’une musique électronique qui peut autant se danser dans l’obscurité d’un club qu’être écoutée sur une plage ensoleillée, Birrd dévoile un premier EP aux harmonies cosmiques, où des enregistrements de sons de la vie de tous les jours sont triturés, décomposés et réassemblés autour d’amples et puissants synthétiseurs pour faire naître une version toute personnelle de la musique des machines : profondément mélodique.


La curiosité, c’est quelque chose qui se transmet. Un héritage, une démarche aussi : découvrir, toujours, de nouvelles formes d’expression, de nouveaux désirs. Et parfois, cette curiosité pousse à faire des choses folles, des sauts dans le vide, des sorties dans l’espace. Comme Stefan Vogel, alias Birrd, 32 ans, qui, à la faveur d’un confinement qui aura changé la vie de beaucoup, en profite pour se consacrer à sa passion : une musique électronique mélodique, à la fois planante, rêveuse et dansante, évoquant de vastes paysages où le vent s’engouffre tantôt au creux d’une crique corse, tantôt entre des gratte-ciels new-yorkais, autant de lieux où le franco-italo-américain s’est imprégné de grands espaces.


Birrd a le voyage dans le sang, et l’envie de tout entrevoir qui va avec. Mais l’oiseau (Vogel en allemand) n’était forcément pas prédestiné à cette techno qui émeut tout en gardant son énergie. Enfant, il apprend le piano, la flûte. Adolescent, c’est le blues qui le porte, d’abord à la guitare, puis aux claviers. Sauf qu’il y a dix ans, il se retrouve sans groupe, sa bande de Rouen étant éparpillée aux quatre coins de la France, études obligent. Tant pis, tant mieux : Stefan se lance dans la MAO, la musique assistée par ordinateur. Un enfant qu’on lâche dans un magasin de jouets. Il explore tout, veut tout comprendre, se rend compte de la difficulté à composer sur machines, à faire simple, à faire beau. S’imagine d’abord que de la musique électronique doit forcément être brutale pour exister, qu’il faut taper fort pour que les gens sautent dans la fosse. Mais d’années en années, l’expédition continue. Chez Pink Floyd, qu’il a toujours aimé pour ses guitares, il s’attache maintenant à l’ambiance derrière les solos, aux nappes, aux textures. S’imprègne de la patte de Worakls, NTO, Joris Delacroix, des synthés de Rodriguez Jr, de la mélancolie noire de Stephan Bodzin.

Au gré d’un séjour de quatre ans à Munich, se nourrit de la techno locale, se rend compte que ce qu’il aime vraiment, lui, ce sont les mélodies, les progressions d’harmonies, quand l’ épique rencontre le sensible, et quand la danse n’ est pas une injonction, juste une possible réaction. C’est de cette plongée dans le terrier électro que naît, dix ans plus tard donc, pendant le premier confinement, Birrd. Un producteur paradoxal, voyageur quoique ancré dans sa ville de Rouen, auteur d’une musique électronique certes, mais qui peut tout autant s’écouter chez soi que dans une grande salle, flirtant avec la techno tout en s’ éloignant de son éventuelle noirceur, davantage les mains dans ses machines qu’en l’air derrière des platines. Seul, dans son studio, embrassant pan par pan une culture qu’il lui avait paru jusque-là très lointaine, il code lui-même son contrôleur MIDI, évite au maximum les presets, préférant inventer ses propres sonorités, quand il n’ est pas en train d’enregistrer des bruits de mer, de vélos, de galets, triturant ensuite les samples jusqu’ à les rendre quasi méconnaissables, les alliant avec de cosmiques synthétiseurs, machines au coeur de son processus créatif. Le reste du temps, il s’exerce à se plier aux contraintes et challenges imposés par les marques qui l’emploient pour habiller leurs publicités ou autres applications de méditation, cherchant inlassablement la bonne fréquence. Apprendre, découvrir, toujours. Ce qu’il y a de bien avec la curiosité, c’ est en e!et qu’elle se transmet. Et de boucles en harmonies, de pieds techno bien sentis en mélodies éloquentes, Birrd arrive à nous transmettre la sienne.

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